Le Musée est heureux d’accueillir Walter Cassidy en tant qu’éducateur en résidence. Au cours des deux prochaines années, Walter élaborera des programmes visant à attirer l’attention sur les personnes qui, dans des communautés du Canada, se sont battues pour les droits des personnes 2ELGBTQI+. Il participera également à l’élaboration de programmes éducatifs visant à faire connaître les récits de la Purge LGBT, qui fera l’objet d’une prochaine exposition au Musée.
Nous avons rencontré Walter lors de ses premiers jours de travail pour lui poser quelques questions.
Quelles sont vos premières impressions sur le rôle de l’éducateur en résidence au Musée canadien pour les droits de la personne?
Lorsque j’ai appris que ma candidature avait été retenue, j’ai été stupéfait et enthousiaste! Le rôle lui-même est tellement unique. Je ne pense pas avoir déjà entendu parler d’une institution de cette taille ayant ce type d’objectif précis pour un éducateur.
Une partie du rôle de l’éducateur en résidence consiste à créer des ressources et des activités d’apprentissage pour les enseignant·e·s en classe. Qu’avez-vous prévu?
L’une des choses qui m’étonnent, c’est que lorsque je dis à mes élèves qu’à un moment donné, il était illégal d’être homosexuel·le dans ce pays, la plupart n’en ont aucune idée.
Je me suis donc dit qu’il nous fallait des cours d’histoire!
Mais j’ai constaté que la plupart des contenus disponibles étaient américains. Et lorsque je trouvais du contenu canadien, il ne provenait souvent que de Toronto, Montréal ou Vancouver. Je n’ai rien trouvé de local. J’ai donc commencé à faire des recherches parce que je voulais trouver des documents sur ma communauté de Windsor, en Ontario.
J’ai pu rassembler des documents qui m’ont ouvert les yeux sur ces histoires locales.
Puis j’ai commencé à penser aux jeunes qui n’avaient pas accès à leur histoire locale dans leur communauté au Canada. J’ai donc proposé un système où les élèves feraient la recherche et trouveraient l’information dans leur communauté.
Il se peut que ce contenu existe déjà et que les élèves puissent le collecter. Ou, s’il n’existe pas encore dans leur communauté, quelles sont les méthodes pour le trouver? Le concept final est une sorte de mini-musée pour les droits de la personne, où les écoles exposeraient les recherches effectuées par les élèves.
Je suis venu au Musée en juillet pour rencontrer le Conseil consultatif d’enseignant·e·s du Canada au sujet du projet que j’ai proposé et pour discuter des prochaines étapes.
Vous donnez un cours à l’Université de Windsor intitulé « How to Teach LGBTQ Students » (Comment enseigner aux élèves LGBTQ). Quels sont les conseils à donner aux enseignant·e·s pour que leur classe soit plus inclusive?
C’est très différent de ce que j’ai connu lorsque j’étais un jeune moi-même dans une salle de classe. Et je crois qu’en général, c’est beaucoup mieux. Parce que, lorsque j’étais en classe dans les années 1980 – je révèle mon âge ici – il n’y avait pas de représentation du tout.
La différence aujourd’hui est la suivante : quel type de représentation? Est-elle saine? Est-elle positive? Est-elle affirmative? Je pense que c’est plutôt la question qui se pose maintenant.
Beaucoup d’enseignant·e·s me disent des choses comme : « J’enseigne les mathématiques et ce contenu n’a donc rien à voir avec mon programme d’études ».
Mais il existe en fait des moyens simples pour faire preuve de plus d’inclusion dans n’importe quelle matière. Les mathématiques, par exemple. On peut utiliser des statistiques sur les mariages entre personnes de même sexe lorsqu’on enseigne les statistiques. La représentation ne doit pas se limiter à l’histoire ou aux arts.
Je suis un fervent défenseur de la visibilité. Si quelque chose est visible, on ne peut pas le nier.
Quel résultat espérez-vous obtenir grâce à votre travail?
Cela va paraître un peu exagéré, mais je pense que cela sauvera des vies.
Il est prouvé que lorsque les enfants se voient dans les programmes scolaires, leur estime de soi s’en trouve grandement améliorée. C’est particulièrement vrai s’ils s’interrogent sur leur identité ou si, dans leur vie, des voix remettent en question la validité de leur identité de genre ou de leur sexualité.
Il y a des icônes queer et trans dans toutes les communautés du Canada, mais nous devons apprendre leurs noms et faire connaître leurs histoires. Et c’est ce que je j’ai l’intention de faire dans le cadre de mon rôle au Musée.
À propos de Walter Cassidy
Walter Cassidy (il) est enseignant à Windsor pour le Greater Essex County District School Board (GECDSB). Il est également historien et militant.
Il a plus de 20 ans d’expérience dans l’enseignement. Parmi ses nombreuses contributions à des pratiques éducatives innovantes, il a fondé et préside actuellement l’alliance gais-hétéros pour le personnel du GECDSBGECDSB. Il a également créé la ressource Pride in Education pour les enseignant·e·s et donne un cours à l’Université de Windsor intitulé « How to Teach LGBTQ Students » (Comment enseigner aux élèves LGBTQ).
Il est président de la Windsor/Essex Rainbow Alliance, qui s’efforce de préserver l’histoire régionale des personnes 2ELGBTQI+. Il a publié des articles sur divers moments de l’histoire de Windsor consacrés aux personnes 2ELGBTQI+, y compris une chronologie locale remontant à 1803.
Il a également de l’expérience dans la sélection et la préparation de contenu pour les musées. L’année dernière, il a présenté une exposition intitulée « 180 years of 2SLGBTQIA+ Visibility » (180 ans de visibilité des 2ELGBTQIA+) au Chimczuk Museum. Il a également été co-commissaire d’une exposition au Amherstburg Freedom Museum intitulée « Black, Queer and Here » (Noir·e·s, queers et présent·e·s).
Walter est titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia, d’un baccalauréat en éducation de l’Université de Windsor et d’une maîtrise en beaux-arts de l’université de Hawaï à Manoa.
Il a reçu plusieurs prix pour son travail, notamment le Windsor Pride’s Community Leadership Award et le Windsor and District Labour Council Education Advocacy Award.
Remarque : Cet entretien a été condensé et édité pour plus de clarté.